La frontière germano-polonaise de 1939 à 1990
Voici les fichiers élèves, que nous allons utiliser en classe virtuelle. Vous pouvez télécharger le fichier élèves, le diaporama, et en dernier la fin du cours (à partir du II2 et le III) que j'expliquerai en classe virtuelle
Frontières en débat
Jalon 1 Reconnaître la frontière
La frontière germano-polonaise de 1939 à 1990, entre guerre et diplomatie
Introduction : l'héritage de la Première Guerre Mondiale
https://www.arcgis.com/apps/MapJournal/index.html?appid=b40b2dc7c67045bd80b5155e73bfaad7
· L'évolution de la frontière germano-polonaise à l'époque de la Seconde Guerre Mondiale
Document 1 : une frontière instable de 1938 à 1945
Document 2 AU gré des rapports de force entre Hitler et Staline
https://www.arcgis.com/apps/MapJournal/index.html?appid=b40b2dc7c67045bd80b5155e73bfaad7
Le Pacte germano-soviétiqueDocument 3 Contexte
Le 23 août 1939, le monde apprend avec stupéfaction la signature
au Kremlin, à Moscou, d'un pacte germano-soviétique de « non-agression
». Cinq mois après la conférence de Munich, Hitler commence à
émettre des revendications sur la Pologne et réclame en particulier
Dantzig, « ville libre » selon
les termes du traité de Versailles de 1919. Le « couloir
de Dantzig » assure à la Pologne un accès à la mer mais présente pour les
Allemands l'inconvénient de séparer la Prusse orientale du reste de leur
pays.
Staline aux abois. Pour circonvenir la menace allemande, Staline négocie
d'abord un rapprochement avec les Français et les Britanniques. Un projet
d'accord est bouclé le 22 juillet 1939 mais le dictateur refuse de le signer
car les Occidentaux n'autorisent pas ses troupes à entrer en Pologne et en
Roumanie en cas d'agression allemande. De dépit, Staline change son fusil d'épaule
et, le soir du 19 août, annonce à son Politburo (bureau
politique) son intention de signer un pacte de « non-agression » avec
son turbulent voisin (en théorie rien à voir avec une alliance qui implique un
engagement militaire commun).
Hitler au culot. À Berlin, Joachim von Ribbentrop, ministre des Affaires
étrangères depuis le 4 février 1938, convainc Hitler que les Occidentaux sont
trop timorés pour jamais oser répondre aux provocations allemandes
et l'entraîne dans un rapprochement avec Staline, en vue du dépeçage de
l'Europe centrale. Lui-même se propose d'aller à Moscou négocier un partage de
la Pologne et des pays baltes.
Un pacte plein de sous-entendus
Le 21 août 1939, Berlin propose officiellement à l'URSS un pacte de
non-agression sous le prétexte de mettre un terme aux provocations... de la
Pologne ! Le
pacte est bouclé trois jours plus tard par von Ribbentrop et son homologue
soviétique, Vyatcheslav Molotov. Il est conclu pour une durée de dix ans.
Le pacte inclut une aide économique de l'URSS à l'Allemagne avec d'importantes
livraisons de blé, pétrole et matières premières. Celles-ci se poursuivront
jusqu'à la rupture du pacte deux ans plus tard.
Une clause secrète prévoit le partage de la Pologne en zones d'influence
allemande et soviétique, la limite passant par les fleuves Narew, Vistule et
San. Une autre clause secrète prévoit la livraison à l'Allemagne nazie de
militants communistes allemands réfugiés en URSS (elle sera exécutée comme les
autres).https://www.herodote.net/23_ao_t_1939-evenement-19390823.php
Document 4 Le pacte secret
Le pacte du 23 août comportait un protocole secret, composé
de quatre articles : Extraits1- Dans le cas d'une modification politico-territoriale des territoires
appartenant aux États baltes (Finlande, Estonie, Lettonie, Lituanie), la
frontière septentrionale de la Lituanie représentera la limite des sphères
d'influence de l'Allemagne et de l'U.R.S.S.. L'intérêt de la Lituanie pour la
région de Vilno est reconnu par les deux parties.
2- Dans le cas d'une modification politico-territoriale des territoires de
l'État polonais, les sphères d'influence de l'Allemagne et de l'U.R.S.S. seront
limitées approximativement par les rivières Narev, Vistule et San.
La question de savoir si l'intérêt des deux parties est de considérer comme
souhaitable le maintien d'un État polonais indépendant ainsi que la question de
savoir quelles frontières aurait cet État ne pourront être réglées
définitivement qu'en fonction des développements politiques ultérieurs. Dans
tous les cas, les deux gouvernements leur apporteront une solution par un
arrangement à l'amiable.
3- Dans le sud-est de l'Europe, la partie soviétique insiste sur l'intérêt
porté à la Bessarabie. Du côté allemand on déclare se désintéresser totalement
de ces régions.
4.- Ce protocole sera considéré par les deux parties comme strictement
secret."(Cf. Nazi-Soviet Relations 1939-1941, 1948, p.78).W. Griot :
« Reconnaître la frontière. La frontière germano-polonaise de 1939 à
1990 » dans EHNE (Encyclopédie pour une Histoire Nouvelle de
l'Europe) : https://ehne.fr/ressources-pedagogiques/specialite/reconnaitre-la-frontiere
Analyse de Guy Durandin (enseignant-chercheur en psychologie
sociale) :
Le second paragraphe de l'article 2 vouait la Pologne, en tant que nation, à
disparaître purement et simplement.
Or, ces articles secrets sont la clé du pacte même, dit de non-agression : si
les deux adversaires ont pu surmonter leur méfiance réciproque et mettre
provisoirement de côté leur antagonisme idéologique, c'est grâce au butin
qu'ils se juraient de partager après une agression menée de concert.
Le pacte, public, de non-agression entre les deux parties reposait sur leur
projet, secret, d'agression d'un ou plusieurs tiers. L'essentiel, c'était
l'"annexe".
Et, après l'invasion de la Pologne, le 1er septembre par l'Allemagne nazie, et
le 17 par l'U.R.S.S., l'entente entre les deux agresseurs est allée plus loin.
Ribbentrop est retourné à Moscou et a signé avec Molotov, le 29 septembre, un
traité dit "d'amitié et de délimitation des frontières", qui,
considérant l'état polonais comme désintégré, décidait que l'administration
publique serait effectuée désormais, à l'ouest de la ligne de partage, par le
gouvernement du Reich allemand, et à l'est par le gouvernement de l'U.R.S.S.,
sans interférence d'aucune autre puissance.
Le traité était assorti de trois protocoles annexes, dont un confidentiel, et
deux secrets. Le second de ces derniers concernait la manière de traiter les
Polonais résistants, anti-staliniens aussi bien qu'antinazis :
"[...] Les deux parties ne toléreront sur leurs territoires aucune
agitation polonaise qui menacerait le territoire de l'autre partie. Elles
briseront tout début d'agitation sur leurs territoires respectifs, et
s'informeront mutuellement des moyens à employer à cette fin." (Nazi-soviets
Relations 1939- 1941, 1948, p.107).
C'est ainsi que le N.K.V.D. et la Gestapo agirent de concert tout l'hiver 1939-1940, échangeant leurs informations, - et leurs opposants réciproques.
Le pacte germano-soviétique, fondé sur ses
"annexes" secrètes, a satisfait, sur le moment, les deux
protagonistes. Avant le pacte, chacun des deux se trouvait potentiellement
exposé à deux fronts :
- Hitler : à la Pologne, l'Angleterre et la France d'une part, la Russie de
l'autre,
- Staline : à l'Allemagne nazie à l'ouest, et le Japon à l'est. 15.
Par le pacte, Hitler se débarrassait du danger oriental, et il put concentrer le gros de ses troupes à l'ouest. Staline, lui, se protégeait à l'Ouest, en se préparant à exploiter, le moment venu, la décomposition de l'Europe, pour y imposer sa dictature.
Qu'Hitler ait voulu faire la guerre, cela ressort clairement
de ses discours secrets :
le 23 mai 1939, il dit à ses généraux :"Dantzig n'est pas la
question". Le problème, c'est d'agrandir l'espace vital de l'Allemagne
("Lebensraum"), pour la nourrir. Il faut attaquer la Pologne à la
première occasion. Et, le 22 août, il abat devant eux sa carte maîtresse : afin
d'éviter que la Russie n'attaque l'Allemagne une fois qu'elle se serait emparée
de la Pologne, il a mené graduellement un changement de politique, en partant
des négociations commerciales. Et il est parvenu à ce que les Russes, dit-il,
proposent un pacte de non-agression. Maintenant, la voie est ouverte aux
militaires. Mais il ajoute : "Ma seule crainte, c'est qu'à la dernière minute,
un Schweinehund quelconque ne sorte un plan de médiation."
Quant à Staline, il a œuvré, délibérément, au déclenchement de la guerre. Raisonnant en termes stratégiques, il dit en effet, le 19 août 1939, devant le Politburo : "Si nous signons avec la France et la Grande-Bretagne un pacte d'assistance mutuelle, l'Allemagne renoncera certainement à la Pologne et cherchera un modus vivendi avec les puissances occidentales. La guerre sera repoussée, mais, par la suite, les événements pourront prendre un tour dangereux pour l'URSS. Si nous acceptons la proposition faite par l'Allemagne de conclure avec elle un pacte de non-agression, elle attaquera évidemment la Pologne, ce qui rendra inévitable l'intervention de la France et de l'Angleterre. L'Europe occidentale sera alors la proie de troubles et de désordres graves. Dans ces conditions, nous aurons de grandes chances de rester à l'écart du conflit, et nous pourrons espérer entrer en guerre lorsque ce sera avantageux pour nous."
Mais en jouant la carte Hitler, Staline s'est "cruellement trompé", dit Sakharov. Le 22 juin 1941, en effet, moins de deux ans après la signature des pactes de non-agression et d'amitié, Hitler attaquait la Russie. Il avait reçu d'elle, dans l'intervalle, des quantités de matières premières, en vertu des échanges économiques conclus lors du pacte d'amitié. Il allait maintenant les utiliser contre elle.
Dès lors, la coupure idéologique reprit sa force en propagande. En Allemagne, pour expliquer le retournement contre l'ami d'hier, Goebbels dit que cela était en relation avec les comportements de la juiverie internationale. Celle-ci, selon lui, avait en 1939 relâché son emprise sur le gouvernement soviétique, et c'est ce qui avait permis la conclusion du pacte. Mais, depuis, elle avait repris le dessus. Il n'y avait donc plus d'entente possible. Et, concluait Goebbels, ce dont on devrait s'étonner, c'est que cela ne se fût pas produit plus tôt !
Quant aux Soviétiques, ils eurent désormais honte du pacte, car Hitler, par son attaque, était redevenu le mal, en théorie comme en acte. Il était dès lors humiliant de s'être laissé duper par lui, et honteux d'avoir passé avec lui un vilain marché. C'est pourquoi historiens et propagandistes se sont efforcés de cacher les protocoles secrets, quitte à justifier le pacte lui-même, au moyen de divers arguments.Guy DURANDIN : « Les protocoles "annexes" du pacte germano-soviétique : Un secret entretenu pendant cinquante ans » dans Historiens et Géographes, N° 382, mars 2003, republié par Diploweb : https://www.diploweb.com/forum/gdurandin2.pdf
Document 5 Une caricature du Pacte de non-agression : « Hitler dresse le cousin russe »
Interprétation sur le site de l'Histoire par l'image :
https://www.histoire-image.org/fr/etudes/hitler-dresse-cousin-russe
Les évolutions territoriales dues à la progression et au reflux de l'armée allemande
Document 6 : L'expansion
du Reich de 1939 à 1942
Document 7 Le repli du Rech après Stalingrad
Document 8 : Conséquences : les déplacements de population
Document 9 Les déplacements de population dus au partage du Pacte germano-soviétique et aux évolutions des rapports de force dans la guerre
Durant la Seconde Guerre Mondiale, la Pologne a vécu
des déportations massives. 1,5 à 2,5 millions de personnes furent envoyées aux
travaux forcés, vers le Reich. En accord avec le Pakt Ribbentrop-Molotov, on
assista au repeuplement allemand en Prusse orientale. En contrepartie,
750 000 Polonais avaient été chassés de leurs terres ancestrales.
Dans la partie orientale, quatre grandes actions de déportation firent
transférer 1,5 millions de Polonais vers l'URSS. Ces chiffres concernaient
260 000 prisonniers de guerre, 250 000 prisonniers civils,
250 000 prisonniers civils, 150 000 enrôlés dans l'Armée Rouge,
250 000 intellectuels et prêtres internés, 20 000 volontaires à la
recherche de travail. Parmi ces civils déportés, 450 000 femmes et
300 000 enfants âgés de moins de 15 ans. (...)
Les soldats Polonais constituaient la source des futurs immigrés. Parmi eux,
30 447 soldats issus des forces polonaises organisées en France, ont été
évacués en Grande-Bretagne en 1940. Ainsi, en 1943, l'armée du gouvernement
polonais en exil en Grande-Bretagne disposait de 100 000 soldats,
12 000 pilotes et marins combattant dans les rangs des Alliés. (...)
Après l'amnistie d'août 1945 accordée aux Polonais luttant sur les fronts
occidentaux, sous les ordres du Gouvernement polonais exilé à Londres,
50 000 militaires revinrent en Europe de l'Ouest.
Vers la fin de 1944, l'avancé de l'Armée Rouge a incité la population allemande
à l'exode. Un demi-million d'habitants de la Prusse orientale prirent la route.
1,5 million de personnes ont été évacuées de Basse-Silésie vers fin janvier 1945.
(...) Au total, 5 millions d'Allemands ont pris la fuite.B. Kostrubiec et W. Zyszkowska : : « Bouleversements territoriaux et
migrations forcées au XXe siècle en Pologne », dans Espace
Populations SociétésAnnée
1992, n°2, pp. 203-214 : https://www.persee.fr/doc/espos_0755-7809_1992_num_10_2_1525#espos_0755-7809_1992_num_10_2_T1_0206_0000
Document 10 La germanisation des populations
polonaises
Cette nouvelle frontière germano-polonaise ne résiste pas à la Seconde Guerre
mondiale. Après la victoire allemande lors de la campagne de Pologne, le IIIe
Reich procède à un cinquième partage de la Pologne avec l'URSS, redessinant à
nouveau les contours de la frontière. Ce partage résulte du retour des anciens
territoires polonais de Prusse à l'Allemagne, tandis que les extrémités
occidentales des voïévodies (régions) polonaises du centre sont elles aussi
annexées. Pendant la Seconde Guerre mondiale, ces territoires sont soumis à une
politique de germanisation particulièrement brutale de la part des autorités
nazies : extermination de l'élite polonaise locale, expulsions de Polonais en
masse, colonisation de ces régions par des Allemands rapatriés d'Union
soviétique.
W. Griot : « Reconnaître la frontière. La frontière germano-polonaise de 1939 à 1990 » dans EHNE (Encyclopédie pour une Histoire Nouvelle de l'Europe) : https://ehne.fr/ressources-pedagogiques/specialite/reconnaitre-la-frontiere
Consigne : En quoi les deux guerres mondiales ont-elles été déterminantes dans l'évolution géopolitique de la frontière allemande et dans ses conséquences humaines ?
· Une frontière définie par la Conférence de Potsdam qui crée un afflux de « réfugiés » et de « déplacés »
L'évolution de la frontière germano-polonaise à la suite de la Conférence de Potsdam
Document 11 Une translation vers l'ouest après Yalta et Potsdam
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/58/Curzon_line-fr.jpg
Document 12 de 1945 à 1990
https://www.arcgis.com/apps/MapJournal/index.html?appid=b40b2dc7c67045bd80b5155e73bfaad7
Document 13 : Extrait du communiqué final de la Conférence de Potsdam, 2 août 1945
VI. - Ville de Koenigsberg et région limitrophe
La Conférence a examiné une proposition du gouvernement soviétique suivant
laquelle, en attendant le règlement définitif des questions territoriales par
les traités de paix, la partie de la frontière occidentale de l'Union des
républiques socialistes soviétiques contiguë à la mer Baltique, partirait d'un
point situé sur la côte orientale de la baie de Dantzig pour se diriger vers
l'est au point de jonction des frontières de la Lituanie, de la République
polonaise et de la Prusse orientale, au nord de Braunsberg-Goldap.
La Conférence a accepté le principe de la proposition soviétique concernant le
transfert définitif à l'Union des républiques socialistes soviétiques de la
ville de Koenigsberg et de la région limitrophe, telle qu'elle est décrite plus
haut, sous réserve de l'examen de la frontière actuelle par des experts.
Le président des États-Unis et le premier ministre britannique ont déclaré
qu'ils appuieraient la proposition de la Conférence au moment du prochain
règlement de la paix.
IX. - Pologne [...]
b) La question de la frontière occidentale de la Pologne a fait l'objet de
l'accord suivant :
« Conformément à l'accord de la Conférence de Crimée, concernant la Pologne,
les chefs des trois gouvernements ont demandé au gouvernement polonais d'unité
nationale son avis sur l'accroissement de territoire dont la Pologne doit
bénéficier au nord et à l'ouest.
« Le président du Conseil national de Pologne et les membres du gouvernement
provisoire polonais d'unité nationale ont été reçus à la Conférence et ont
pleinement exposé leurs points de vue. « Les chefs des trois gouvernements
réaffirment qu'à leur avis, la délimitation définitive de la frontière
polonaise occidentale doit être ajournée jusqu'au moment du règlement de la
paix.
« Les chefs des trois gouvernements sont d'accord pour que l'État polonais
administre, en attendant le tracé définitif de cette frontière, les anciens
territoires allemands qui sont situés à l'est d'une ligne partant de la mer
Baltique, immédiatement à l'ouest de Swinemünde, pour descendre le long de
l'Oder jusqu'au confluent de la Neisse occidentale, puis longer celle-ci
jusqu'à la frontière tchécoslovaque, y compris la partie de la Prusse orientale
qui n'est pas placée sous l'administration soviétique en vertu de l'accord
intervenu à la présente conférence, de la région de l'ex-ville libre de
Dantzig, lesdits territoires ne devant pas être, à cette fin, considérés comme
faisant partie de la zone soviétique d'occupation de l'Allemagne. »
W. Griot : « Reconnaître la frontière. La frontière germano-polonaise de 1939 à 1990 » dans EHNE (Encyclopédie pour une Histoire Nouvelle de l'Europe) : https://ehne.fr/ressources-pedagogiques/specialite/reconnaitre-la-frontiere
Document 14 Analyse historique de la Conférence de Potsdam
Winston Churchill (Grande-Bretagne), Harry Truman (États-Unis) et Joseph Staline (URSS) réunis à Potsdam (17 juillet au 2 août 1945) statuent sur la frontière germano-polonaise.
Les
chefs des trois gouvernements réaffirment l'avis que la délimitation finale de
la frontière occidentale de la Pologne doit être faite au moment du règlement
de la paix [...]. Les chefs des trois gouvernements sont d'accord sur le fait
que, en attendant le tracé définitif, les territoires ex-allemands, à l'est
d'une ligne [...] descendant le long de l'Oder jusqu'au confluent de la Neisse
occidentale, puis le long de celle-ci jusqu'à la frontière tchécoslovaque [...]
seront remis à l'administration de l'État polonais et, à cette fin, ne devront
pas être considérés comme partie de la zone soviétique de l'Allemagne [...].
Les trois gouvernements, après avoir examiné la question sous tous ces aspects,
reconnaissent que l'on devra procéder au transfert en Allemagne des populations
allemandes demeurées en Pologne, en Tchécoslovaquie et en Hongrie. Ils sont
d'accord sur le fait que ces transferts doivent être effectués de façon
ordonnée et humaine...
Alfred Grosser, L'Allemagne en Occident, Pluriel, 1985.
Les déplacements de population dus à la translation de la Pologne
Document 15 Conséquences : déplacements de populations
Document 16 La fin du Drang Nach Osten (expression allemande signifiant « marche vers l'est ») et expulsion des Allemands avec l'aval des Alliés
Dans un texte publié le 27 septembre 1944, le gouvernement de Lublin déclare : « L'expérience de la "cinquième colonne" et les méthodes d'occupation allemandes pendant la guerre rendent impossible une cohabitation des populations polonaise et allemande dans l'espace d'un même État » Par ailleurs, Staline est convaincu que l'homogénéité ethnique rendra les territoires plus faciles à gouverner. N'oublions pas en effet que le déplacement vers l'ouest de la frontière entre l'URSS et la Pologne sur la ligne Curzon, s'accompagne aussi d'un transfert de populations, les Polonais de ces régions s'installant dans la petite et la grande Pologne tandis que les Ukrainiens vivant en territoire polonais sont transférés vers l'Ukraine. Il ne s'agit pas plus de déplacements sanctions comme dans l'URSS des années 30 mais de la volonté d'établir des Etats nations (...).
Cette position à l'aval des Alliés. Le 15 décembre 1944, Winston Churchill déclare devant le parlement britannique « l'expulsion est à long terme la solution la plus satisfaisante ; elle mettra fin au mélange des populations qui conduit à des problèmes sans fin ». Bien évidemment, ce problème des Allemands restés à l'est de la ligue Oder-Neisse s'inscrit dans un problème beaucoup plus vaste ; nous pensons au même moment à la frontière germano-tchécoslovaque avec les Sudètes. En mai 1945, le secrétaire général du Parti Ouvrier Polonais (POP) Władysław Gomułka (1905-1982) déclare « Nous devons les mettre à la porte ».
Les Alliés s'attendaient à recevoir dans les 4 zones occupées environ 7 millions de réfugiés allemands venus des contrées orientales ; en fait il reviendra près du double entre 12 et 14 millions. (...) En mai 1945 les 2/3 des Allemands ne vivent pas chez eux. En effet, ces réfugiés étant accueillis dans un pays dont ils détiennent déjà la nationalité, le Haut-Commissariat des nations Unies aux réfugiés n'a pas voulu les prendre en charge.https://ent2d.ac-bordeaux.fr/disciplines/histoire-geographie/wp-content/uploads/sites/18/2019/06/fronti%C3%A8res-costes.pdf
Document 17 Les conséquences socio-culturelles des déplacements de population : la polonisation des « terres retrouvées »
Toutes ces décisions (celles de Potsdam)
allaient expulser plus d'Allemands et de Polonais que prévus, cela était clair
depuis le début. Des dizaines de milliers d'entre eux, habitant les terres
conquises, ont été déplacés vers l'Union soviétique, comme ce fut le cas, par
exemple, pour quinze mille mineurs de Silésie. Le démantèlement et l'évacuation
de l'ex-possession allemande par les soviétiques a duré jusqu'à l'automne 1945.
Pour accélérer le processus et le rendre effectif les Allemands ont été expulsés,
sans aucune loi, des territoires qui deviendront par la suite polonais.
A Potsdam, ce n'est pas l'expulsion elle-même qui a été décidée, mais seulement
la tentative de la contrôler et de l'organiser. En Europe centrale et
orientale, seules des nations homogènes, sans aucune minorité, devaient
exister. Tant la Pologne que l'Allemagne furent affectées par ces décisions
ethniques et territoriales qui eurent pour conséquence la perte de leurs
territoires à l'Est et des terribles expulsions.
Non seulement les Polonais, mais aussi les non-Polonais, ont été chassés de
leurs territoires situés à l'Est du pays, ont dû abandonner leur patrie et
partir en Union soviétique. Quant aux Ukrainiens, ils ont dû quitter la Pologne
jusqu'en 1946. Ainsi, la Pologne devait se transformer en un Etat-nation idéal,
sans aucune minorité ethnique ou religieuse.La
polonisation et le mythe des terres retrouvées
La politique de la polonisation visait à transformer les ex-territoires
allemands en des territoires polonais. Selon la propagande, ces territoires
auraient toujours fait partie de la Pologne et devaient le redevenir après la
Seconde Guerre mondiale. De cette façon, les hommes politiques polonais
tentèrent d'éviter que les nouveaux habitants des ex-territoires allemands aient
peur de devoir partir le jour où les Allemands reviendraient chez eux. Cet
argument permettait aussi de faire oublier plus facilement la perte de sa terre
maternelle. Les communistes polonais usèrent de cette idéologie nationale plus
souvent dans les ex-territoires allemands que dans les vieux territoires
polonais parce qu'ils savaient parfaitement que là-bas elle était encore plus
nécessaire. La formule « terres récupérées », utilisée dans les
publications et les documents officiels polonais jusqu'aux changements
politiques en 1989, est particulièrement révélatrice de cette politique de
polonisation.
Dans les territoires polonais du nord et de l'ouest, tous les éléments du passé
allemand commencèrent à être détruits et interdits : les images, les
cartes, les assiettes, les églises, les croix, vraiment tout. La police
contrôlait les maisons pour voir si tous les indices allemands avaient bien été
éliminés. Ceux qui ne l'avaient pas fait risquaient à coup sûr de ne plus
retrouver leur poste de travail. Tous les noms des villages et des rues écrits
en allemand disparurent. La langue allemande a été évidement interdite dans les
écoles, les églises et dans tous les établissements officiels. Ceux qui
portaient des noms et prénoms allemands pouvaient les changer en prénoms et
noms polonais. Mais beaucoup ne l'ont pas fait même s'ils savaient qu'ils
pouvaient, par exemple, perdre leur travail ou devoir payer une amende.
Dans les cours intensifs de langue polonaise et de l'histoire de la Pologne,
les personnes devaient non seulement apprendre tout sur la Pologne, mais aussi
oublier tout ce qu'elles savaient sur l'Allemagne et son passé. Officiellement,
les cours n'étaient pas obligatoires mais les personnes se sentaient obligées
d'y participer. Surtout les adultes, puisqu'ils savaient que les enfants et les
jeunes l'apprendraient de toute façon au collège. C'est entre 1945 et 1948 que
la politique de polonisation a été la plus forte. Elle s'est terminée quand le
gouvernement polonais annonça l'intégration des territoires polonais du
nord-ouest avec la Pologne centrale.La
haine et la peur : l'image de l'Allemagne et des Allemands en Pologne
Après la Seconde Guerre mondiale, le mot « allemand » et tous les
mots semblables ont été interdits. Comme le donnait à voir le gouvernement
polonais et comme le croyaient les Polonais, les Allemands étaient mauvais,
considérés comme des bandits et des bourreaux. Ainsi, donner la main aux
Allemands ou manger avec eux étaient interdit. Particulièrement dans le nord et
l'ouest de la Pologne, la haine envers les Allemands constituait un élément
d'intégration de la société polonaise avec les nouveaux territoires. Quand en
Pologne, après la guerre, une personne parlait allemand dans la rue, elle
s'exposait aux réactions violentes de la part des patriotes polonais. L'Eglise
catholique constituait aussi un élément d'intégration pour la jeune société
polonaise. Mais étant contre les Allemands, elle n'essayait pas d'améliorer la
situation entre les deux populations. Au contraire, l'Eglise catholique
refusait en son sein les Allemands et tous ceux qui n'étaient pas catholiques
-sachant bien que la majorité des Allemands était protestante.
Même si la frontière entre la Pologne et l'Allemagne a été construite par le
politique du pouvoir en place sur le principe d'une fermeture hermétique,
durant les premiers mois qui suivirent la fin de la guerre les passages entre
les deux pays étaient encore possibles. En revanche, à partir de 1946, elle
devient une barrière imperméable, un "rideau de fer": ni personne, ni biens, ni
informations ne passent plus entre l'est et l'ouest.Katarzyna Stoklosa : « Terres perdues et récupérées :
l'expulsion des Allemands et la venue des Polonais » dans Les dossiers du CERI, 10/2013.
https://www.sciencespo.fr/ceri/en/content/terres-perdues-et-recuperees-l-expulsion-des-allemands-et-la-venue-des-polonais
Document 18 : Justifier les frontières par la recherche historique : la guerre des légitimités historiques
La fin du Drang nach Osten
La nouvelle frontière linguistique entraîne un bouleversement majeur sur la
carte de l'Europe ; c'est la disparition de ce que les historiens Allemands
avaient appelé le Drang nach Osten, la marche vers l'est, la colonisation
allemande au cours du Moyen-Âge. Cette colonisation avait abouti
progressivement à la germanisation du Mecklenburg, de la Saxe, de la Thuringe,
du Brandebourg, de la Silésie, de la Poméranie et de la Prusse orientale sans
compter une multitude de petites implantations allemandes dans les territoires
de la Pologne, de la Lituanie, des pays baltes, base des revendications
pangermanistes de la fin du XIXe siècle et également justification de l'espace
vital « Lebensraum » ambitionné par Adolf Hitler. Il faut noter toutefois en
lien justement avec la nouvelle frontière germano-polonaise, que les travaux
des historiens ont été particulièrement intenses dans ce domaine et que les
visions traditionnelles telles que celles par exemple de l'historien bordelais
Charles Higounet ont été réinterprétées au cours de ces dernières années. Y
a-t-il eu véritablement germanisation par migrations sans doute mais également
vraisemblablement par assimilation de populations locales. Aujourd'hui on parle
moins de colonisation que de « peuplement allemand » « Deutsche Ostsiedlung »,
en grande partie parce qu'il ne s'agit pas d'une entreprise de conquête mais
davantage un processus lié aux défrichements et au cours duquel les acteurs
n'ont pas été seulement les Allemands. La marche vers l'Est n'as pas été
simplement menée de manière schématique par les chevaliers teutoniques, les
travaux ont montré souvent qu'il s'agissait de princes locaux notamment
Polonais qui avaient fait appel à des marchands et à des paysans venus de
l'Ouest. Certains historiens anglo-saxons parlant à ce niveau d'européisation
de l'Europe c'est-à-dire de peuplement des périphéries c'est-à-dire d'une part
par exemple dans l'Europe centrale et Sud-est les Balkans, la partie orientale,
mais aussi l'Espagne avec le phénomène de la reconquista. Cette vision ne fait
pas bien sûr l'unanimité et d'autres historiens préfèrent parler de la
révolution du XIIIe siècle qui se manifeste par l'essor de villes, par la
construction de châteaux, par la diffusion de l'écrit, et accessoirement par 7
l'implantation de colons dans les régions plus ou moins vides notamment des
Allemands. Par contre, rien n'a été fait jusqu'à présent, en grande partie en
raison des sources, pour étudier la perception par les contemporains, par les
hommes du Moyen-Âge de ce processus et du fait national.
Le retour aux frontières de la première Pologne
Avec ces nouvelles frontières qui brisent un passé multiséculaire, l'implantation allemande des XII-XIII-XIVe siècles, les Polonais répondent par une autre légitimité historique. En quelque sorte, l'expulsion des Allemands ne fait que revenir à la situation antérieure. La justification de la possession polonaise est plus ancienne, donc juridiquement fondée et les historiens polonais ont notamment multiplié les fouilles dans ces régions pour trouver des traces d'une culture matérielle slave alti-médiévale, antérieure à la pénétration allemande. Le nouvel état de fait met fin à « l'agression germanique séculaire ». Les cartes polonaises montrent bien que effectivement le premier royaume polonais celui de la dynastie des Piasts aux X-XIIe siècle s'étendait jusque vers l'Oder-Neisse et avait à peu près la même forme que l'État polonais actuel, voire débordait même sur la Poméranie occidentale conquise au début du XIIe siècle par Bolesław III Krzywousty (Boleslas Bouche-Torse). Les travaux montrent aussi que, du temps des Carolingiens, l'expansion slave avait atteint son maximum et que bien ses territoires situés sur les marches de l'Empire (Marche de Lusace, Marche du Nord), en zone correspondant à l'ancienne République démocratique allemande, était peuplés de tribus slaves, du Nord au sud, les Abodrites, les Leutizes (ou Wiltzes), les Héveles et les Sorbes ou Sorabes de Lusace (dont il reste une petite communauté à l'ouest de la ligne Oder-Neisse).
https://ent2d.ac-bordeaux.fr/disciplines/histoire-geographie/wp-content/uploads/sites/18/2019/06/fronti%C3%A8res-costes.pdf
Consigne : En quoi la Conférence de Postdam crée-t-elle de nouvelles conditions géopolitiques et humaines à la frontière germano-polonaise ?
· Une frontière reconnue inégalement dans le cadre de la guerre froide
Une reconnaissance décalée entre la RDA et la RFA
Document 19 : Extraits du Traité de Görlitz signé le 6 juillet 1950 entre la République de Pologne et la République Démocratique Allemande (RDA)
« Traité entre la République de Pologne et la République
démocratique allemande concernant le tracé de la frontière étatique
polono-allemande établie et existante.
Le Président de la République de Pologne et le président de la République
démocratique allemande
Désireux de montrer l'exemple d'un renforcement de la paix générale et voulant
prendre part à la grande œuvre cohérente des nations aimant la paix,
En faisant remarquer que cette coopération entre la nation polonaise et
allemande est devenue possible grâce à l'écrasement du fascisme par l'URSS et
au développement progressif des forces démocratiques en Allemagne [...] Voulant
stabiliser et renforcer les relations mutuelles en se fondant sur les accords
de Potsdam [...]
Reconnaissant la frontière établie et existante comme une frontière de paix et
d'amitié inviolable, qui ne divise pas, mais lie les deux nations- [...] se sont
mis d'accord sur les résolutions suivantes :
Art. 1 [...] la frontière établie et existante, courant de la Mer baltique le
long d'une ligne à l'ouest de Świnoujście, pour descendre le long de l'Oder
jusqu'au confluent de la Neisse de Lusace, puis longer celle-ci jusqu'à la
frontière tchécoslovaque, est la frontière étatique entre la Pologne et
l'Allemagne. [...]W. Griot :
« Reconnaître la frontière. La frontière germano-polonaise de 1939 à
1990 » dans EHNE (Encyclopédie pour une Histoire Nouvelle de l'Europe) :
https://ehne.fr/ressources-pedagogiques/specialite/reconnaitre-la-frontiere
Document 20 Le traité de Varsovie (7 décembre 1970)
Le 7
décembre 1970, la RFA et la Pologne signent à Varsovie le traité
germano-polonais en vertu duquel les deux pays se reconnaissent mutuellement
sur le plan diplomatique et reconnaissent l'inviolabilité des frontières issues
de la conférence de Potsdam (1945) en renonçant à toute revendication
territoriale.
Préambule
La République fédérale d'Allemagne et la République populaire de Pologne,
- CONSIDERANT que plus de vingt-cinq années se sont écoulées depuis la fin de
la seconde guerre mondiale, dont la Pologne fut la première victime et qui a
causé de grands maux aux peuples d'Europe,
- CONSCIENTES du fait que dans les deux pays a grandi, entretemps, une
génération à laquelle un avenir pacifique doit être assuré,
- SOUHAITANT créer des bases durables pour une coexistence pacifique et le
développement de relations normales et bonnes entre elles,
- RECHERCHANT la consolidation de la paix et de la sécurité en Europe,
- CONSCIENTES que l'inviolabilité des frontières et le respect de l'intégrité
territoriale comme de la souveraineté de tous les Etats en Europe dans leurs
frontières actuelles, représentent une condition essentielle pour la paix,
SONT convenues de ce qui suit :
Article I
(1) La République fédérale d'Allemagne et la République populaire de Pologne
sont d'accord pour constater que la ligne frontière existante, dont le tracé a
été fixé au chapitre IX des accords de la conférence de Potsdam du 2 août 1945,
forme la frontière d'Etat occidentale de la République populaire de Pologne.
(Le tracé part de la Baltique immédiatement à l'ouest de Swinemuende, suit
l'Oder jusqu'au confluent de la Neisse de Lusace, puis le cours de cette dernière
jusqu'à la frontière tchécoslovaque).
(2) Elles confirment l'inviolabilité de leurs frontières existantes pour le
présent et l'avenir, et s'engagent réciproquement au respect sans restriction
de leur intégrité territoriale.
(3) Elles déclarent n'avoir l'une envers l'autre aucune prétention territoriale
et qu'elles n'en élèveront pas à l'avenir.https://www.cvce.eu/obj/le_traite_de_varsovie_7_decembre_1970-fr-7f3363b0-2705-472a-b535-c42bd229f9e2.htmlAllocution de W. Brandt : https://www.cvce.eu/obj/allocution_radio_televisee_de_willy_brandt_le_traite_de_varsovie_varsovie_7_decembre_1970-fr-3bb0a3be-58ed-4ef3-b52b-8991d0b7ba3e.html
La reconnaissance par l'Allemagne réunifiée et les vainqueurs de la guerre
Document 21 : Résolution
du Bundestag allemand relative à la frontière germano-polonaise (Bonn, 21 juin
1990)Le Bundestag allemand
- conscient de sa responsabilité devant l'histoire allemande et européenne,
- fermement déterminé à participer au parachèvement de l'unité et de la liberté
de l'Allemagne par libre autodétermination afin que l'Allemagne contribue à la
paix et à la liberté dans le monde en tant que membre à part entière d'une
Europe unie fondée sur le droit et les droits de l'homme,
- soucieux d'apporter grâce à l'unité allemande une contribution à la
construction d'un ordre de paix européen dans lequel les frontières ne séparent
plus et qui garantit à tous les peuples européens une coexistence empreinte de
confiance et une vaste coopération au bénéfice de tous ainsi que la pérennité
de la paix, de la liberté et de la stabilité,
- conscient que les crimes commis par des Allemands et au nom des Allemands ont
infligé de terribles souffrances au peuple polonais,
- conscient que des millions d'Allemands expulsés de leur terre d'origine ont
subi une grande injustice,
- souhaitant qu'en se souvenant des
chapitres tragiques et douloureux de l'histoire, l'Allemagne unie, elle aussi,
et la République de Pologne continuent de poursuivre systématiquement l'entente
et la réconciliation entre les Allemands et les Polonais, développent des
relations porteuses d'avenir et constituent ainsi un modèle de bon voisinage,
- convaincu que l'engagement de la jeune génération revêt une signification
particulière dans la réconciliation des deux peuples,
- espérant que la Chambre du peuple de la R.D.A. librement élue adopte une
résolution de même teneur, exprime sa volonté de voir le tracé de la frontière
entre l'Allemagne unie et la République de Pologne définitivement confirmé par
un traité de droit international comme suit :
Le tracé de la frontière entre l'Allemagne unie et la République de Pologne
sera celui qui est fixé par "l'Accord entre la République démocratique
allemande et la République polonaise relatif à la délimitation de la frontière
d'Etat établie et existante entre l'Allemagne et la Pologne", signé le 6
juillet 1950, et des conventions relatives à son exécution ou destinées à le
compléter (Traité entre la République démocratique allemande et la République
populaire de Pologne sur la délimitation des zones maritimes dans la baie de
l'Oder en date du 22 mai 1989; Acte constatant l'exécution des travaux de
délimitation de la frontière d'Etat entre l'Allemagne et la Pologne en date du
27 janvier 1951) ainsi que du "Traité conclu entre la République fédérale
d'Allemagne et la République populaire de Pologne sur les fondements de la normalisation
de leurs relations mutuelles", signé le 7 décembre 1970. Les deux parties
réaffirment l'inviolabilité de leur frontière existante pour le présent et
l'avenir, et s'engagent réciproquement au respect sans restriction de leur
souveraineté et de leur intégrité territoriale. Les deux parties déclarent
n'avoir l'une envers l'autre aucune prétention territoriale et qu'elles n'en
élèveront pas à l'avenir.
Le Gouvernement fédéral est invité à communiquer formellement cette résolution
à la République de Pologne comme étant aussi l'expression de sa propre volonté.
Document 22 La frontière reconnue par les anciens vainqueurs par le traité de Moscou 12 Septembre 1990
Signé par les deux Allemagne et les anciens Alliés (États-Unis, URSS, Royaume-Uni, France), le traité portant règlement définitif concernant l'Allemagne referme diplomatiquement la Seconde Guerre mondiale. Extraits :
Les États signataires, conscients que leurs peuples vivent mutuellement en paix depuis 1945 ; ayant à l'esprit les changements historiques survenus récemment en Europe, qui permettent de surmonter la division du continent ; sont convenus de ce qui suit :
Article
premier
1. L'Allemagne unie comprendra le territoire de la République fédérale
d'Allemagne, de la République démocratique allemande et de l'ensemble de
Berlin. Ses frontières extérieures seront les frontières de la RFA et de la RDA
et seront définitives à partir de la date d'entrée en vigueur du présent
Traité.
3.L'Allemagne unie et la République de Pologne confirmeront la frontière existante entre elles par un traité ayant force obligatoire en vertu du droit international.
Une frontière en paix et dynamisée par l'appartenance à l'UE
Document 23 La frontière pacifiée
Le nord de la frontière au contact de la mer Baltique (2017),
photographie de Valerio Vincenzo.
Document 24 L'eurorégion de part et d'autre de la ligne Oder-NeisseRecherche sur la coopération transfrontalière Allemagne-Pologne aujourd'hui : fiche de lecture du rapport de la Commission Européenne : La coopération territoriale en Europe. Une perspective historique, 2015, p. 126-131 :
https://ec.europa.eu/regional_policy/sources/information/pdf/brochures/interreg_25years_fr.pdf
Document 25 Encore des tensions entre Pologne et Allemagne au sujet des indemnisations de guerre
https://information.tv5monde.com/info/allemagne-pologne-quand-varsovie-ravive-l-ombre-de-la-seconde-guerre-mondiale-319560